Santé, Reconnaître les maladies à partir des odeurs corporelles : des mini-capteurs pour des tests de diagnostic rapides et peu coûteux

De minuscules capteurs semblables à des éthylotests pourraient reconnaître les infections bactériennes et détecter les agents pathogènes résistants aux antibiotiques dans les fluides corporels, selon une étude publiée dans la revue Cell Biomaterials par des scientifiques de l'ETH Zurich . L'équipe, dirigée par Andreas Guntner, Catherine Jutzeler, Thomas Kessler, Emma Slack et Adrian Egli, a développé une approche innovante pour détecter les maladies grâce à l'odeur des fluides corporels. Selon les experts, cette technologie pourrait fournir des tests de diagnostic rapides et abordables qui pourraient améliorer les plans de traitement et contribuer à lutter contre la résistance aux antibiotiques.
« Notre méthode », explique Guntner, « nous permet d'éviter les analyses de laboratoire, souvent chronophages, et d'obtenir des résultats en quelques minutes, voire quelques secondes. » Les auteurs rapportent que, historiquement, les médecins utilisaient leur odorat pour diagnostiquer les infections bactériennes. Pseudomonas aeruginosa est connue pour son odeur sucrée, tandis que Clostridium est associé à une odeur putride. Le profil olfactif des micro-organismes dépend de la présence de composés organiques volatils (COV), de minuscules molécules émises par les microbes et autres organismes. Dans le cadre de cette étude, les scientifiques proposent d'utiliser des capteurs chimiques pour détecter les COV associés aux bactéries dans les fluides corporels tels que le sang, l'urine, les selles et les expectorations. « Nous avons déjà développé et commercialisé des systèmes similaires », ajoute Guntner, « pour détecter la contamination des boissons alcoolisées. Nous essayons d'appliquer ce système à des situations plus complexes. Le développement de capteurs destinés à la pratique clinique nécessitera des recherches supplémentaires, notamment parce que les concentrations de COV émises par les bactéries sont extrêmement faibles et peuvent être très hétérogènes. »
Les chercheurs émettent l'hypothèse que les capteurs pourraient être fabriqués à partir de matériaux tels que des oxydes métalliques, des polymères, des dérivés de graphène et des nanotubes de carbone. Pour simplifier la détection, les appareils devraient également être équipés de filtres permettant d'éliminer les composés non informatifs. À cet égard, l'intelligence artificielle et les algorithmes d'apprentissage automatique joueront un rôle fondamental dans la conception de ces technologies. « Les appareils ainsi créés », conclut Guntner, « offriront une méthode rapide et portable de diagnostic des infections bactériennes, utilisable sans formation particulière. L'objectif ultime est de traduire les avancées scientifiques en matière d'analyse des COV en outils pratiques et fiables, dans l'espoir que cette possibilité améliorera la santé des patients et favorisera la gestion des antibiotiques. »
İl Denaro