L'Accord de Paris est-il efficace ? Le traité sera réévalué après dix ans.

Dix ans après l’historique Accord de Paris, la diplomatie climatique traverse une période de réévaluation et de remise en question alors que la planète se rapproche de la limite de réchauffement sécuritaire et reste divisée géopolitiquement et économiquement.
Le défi de la COP30 de Belém, qui se tiendra du 10 au 21 novembre, est de mettre en pratique les promesses du passé.
En 2015, 196 pays se sont engagés à Paris à maintenir le réchauffement climatique « bien en dessous » de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et à continuer à œuvrer pour le limiter à 1,5°C.
Mais ce dixième anniversaire est marqué par des difficultés. L'une d'elles est la décision du président américain Donald Trump, qui qualifie le changement climatique de « fraude », de retirer son pays du traité pour la deuxième fois.
Avec d’autres pays, les États-Unis, deuxième plus grand pollueur mondial, prévoient de produire toujours plus de pétrole, de gaz naturel et de charbon, ignorant la promesse faite lors de la COP28 à Dubaï en 2023 : entamer une transition pour s’éloigner de ce type d’énergie, responsable de la majeure partie du changement climatique.
Pour mettre en œuvre l'Accord de Paris, les pays devraient également actualiser leurs trajectoires climatiques à l'horizon 2035 d'ici septembre. Mais si l'Union européenne n'a pas encore achevé ses travaux, la Chine, premier émetteur mondial, s'est contentée d'objectifs minimalistes.
– « Survie » –
Les Conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP) restent cependant « absolument nécessaires » pour demander des comptes aux pays sur leur manque d’ambition, affirme Patricia Espinosa, ancienne directrice d’ONU Climat.
« Je ne crois pas qu'il existe d'autre moyen de faire face à une menace aussi grave pour l'humanité », a-t-il déclaré à l'AFP. Et, malgré ses imperfections, la COP « a fourni un programme très clair sur ce que nous devons faire », a-t-il ajouté.
Les limites de température fixées par l’accord ne sont pas abstraites pour les nations menacées par la montée du niveau de la mer.
C'est une question de « survie », a déclaré à l'AFP Maina Talia, ministre du Climat de l'archipel pacifique de Tuvalu. « Dix ans après l'Accord de Paris, nous essayons toujours de faire entendre notre voix », a-t-il ajouté.
Selon l'ONU, ce traité historique a permis un changement de cap remarquable pour le monde. Avant sa signature, la planète se dirigeait vers un réchauffement catastrophique de 5 °C d'ici la fin du siècle, contre 3 °C actuellement.
Le monde a connu sa première année au-dessus de 1,5°C en 2024, avec des incendies massifs, des inondations et des vagues de chaleur meurtrières.
Dans l'accord de 2015, cette limite de température est définie comme une moyenne sur 10 ou 20 ans. Et la plupart des scientifiques estiment qu'elle sera dépassée d'ici quelques années, sauf changement radical de cap.
« Nous devons reconnaître que nous n'avons pas réussi à protéger les populations et les nations des effets incontrôlables du changement climatique d'origine humaine. Mais nous ne devons pas continuer à échouer », a déclaré Johan Rockström, directeur de l'Institut de recherche sur le climat de Potsdam, à l'ONU le mois dernier à New York.
L'accord a consacré des principes importants tels que le financement de la lutte contre le changement climatique et l'adaptation au changement climatique. Il a également joué un rôle clé dans l'arrêt rendu en juillet par la Cour internationale de Justice (CIJ), qui a déclaré « illicite » le manquement des États à leurs obligations climatiques, créant ainsi un précédent permettant aux pays touchés d'exiger des indemnisations.
Les solutions les plus efficaces, comme le développement de l’énergie solaire et éolienne, ne sont toutefois pas directement liées à l’accord.
À cet égard, la Chine a commencé à mener la course aux énergies renouvelables dans les années 2000, en s’appuyant sur les innovations développées en Europe et aux États-Unis au cours des décennies précédentes, note Kingsmill Bond du groupe de réflexion Ember.
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