Une nouvelle ère commence en génétique : le projet « Génome humain synthétique » a débuté

CENTRE D'ACTUALITÉS

Date de création : 3 juillet 2025 12:45

Le Wellcome Trust, l'une des plus grandes fondations scientifiques au monde, a financé ce projet pionnier à hauteur de 10 millions de livres sterling (environ 13,7 millions de dollars). Des chercheurs des universités d'Oxford, du Kent, de Manchester, de Cambridge et de l'Imperial College de Londres visent à produire un chromosome humain entièrement synthétique d'ici cinq à dix ans.

« IL NE SUFFIT PAS DE COMPRENDRE, IL FAUT RECONSTRUIRE »

« La capacité de synthétiser de grands génomes pourrait transformer notre compréhension de la biologie des génomes. Avec SynHG, nous développons les outils nécessaires à cette transformation », a déclaré Jason Chin, biologiste moléculaire qui a dirigé le projet.

La communauté scientifique s'intéresse à la fois à l'enthousiasme et à la prudence face à ce projet. Robin Lovell-Badge, généticienne primée du Francis Crick Institute et non impliquée dans le projet, a déclaré que, bien qu'elle soutienne l'initiative, « la meilleure façon de comprendre quelque chose est de pouvoir le construire de toutes pièces ».

Mais compte tenu de la complexité du génome humain, il reste encore un long chemin à parcourir avant qu’une telle synthèse puisse réussir, selon Lovell-Badge.

DES MILLIARDS DE CELLULES, DES MILLIARDS DE PAIRES DE BASE

Le génome le plus complexe jamais synthétisé de toutes pièces en laboratoire appartenait à un organisme unicellulaire et était composé de 12 millions de paires de bases. Le génome humain contient au total 3 milliards de paires de bases réparties sur 46 chromosomes. Chaque corps humain compte en moyenne 30 000 milliards de cellules. Par conséquent, ce niveau de synthèse pourrait constituer l'un des projets de génie génétique les plus complexes de l'histoire.

« Si la création de chromosomes humains synthétiques semble improbable pour l'instant, il pourrait être possible à l'avenir de produire des cellules synthétiques capables de se développer efficacement en laboratoire », explique Lovell-Badge. « Mais créer des humains synthétiques n'est tout simplement pas l'objectif ; ce serait à la fois techniquement impossible et extrêmement dangereux. »

LES DISCUSSIONS ÉTHIQUES SONT À LA PORTE

L’équipe de SynHG a déclaré avoir travaillé avec des universitaires, des organisations de la société civile, des représentants de l’industrie et des experts en politiques pour évaluer les impacts éthiques, juridiques et sociétaux du projet.

De tels développements en génétique soulèvent de nombreuses questions éthiques, allant du débat sur les « bébés sur mesure » à la renaissance du concept d’eugénisme.

Sarah Norcross, directrice de l'association caritative Progress Educational Trust (PET) spécialisée dans les maladies génétiques, a déclaré : « Nous devons reconnaître que les études de cette nature ne sont pas exemptes de controverses. Il est essentiel qu'une communication ouverte et réciproque s'instaure entre les chercheurs et le public. »