Sélectionner la langue

French

Down Icon

Sélectionnez un pays

Spain

Down Icon

Mesures de l'OMS pour freiner la « médicalisation croissante » des mutilations génitales féminines

Mesures de l'OMS pour freiner la « médicalisation croissante » des mutilations génitales féminines
Une survivante de mutilation génitale féminine sur quatre a été mutilée par des agents de santé. Les Nations Unies ont publié une directive visant à impliquer ces professionnels dans l’interdiction et la prévention de cette pratique.
Un groupe de femmes participe à un événement pour commémorer la Journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines, sur la Plaza del Museo Reina Sofía, le 6 février 2023, à Madrid, en Espagne.
Un groupe de femmes participe à un événement pour commémorer la Journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines, sur la Plaza del Museo Reina Sofía, le 6 février 2023, à Madrid, en Espagne. Actualités Europa Press (Europa Press via Getty Images)

Bien qu'elle soit reconnue comme une violation des droits humains et interdite dans de nombreux pays, plus de 230 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi des mutilations génitales féminines (MGF), selon un rapport de l'UNICEF publié en 2024. Parmi elles, quelque 52 millions, soit environ une survivante de mutilations génitales féminines sur quatre , ont été mutilées par des professionnels de la santé.

L' Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde lundi contre la « médicalisation croissante » des MGF , des preuves indiquant qu'elles sont « de plus en plus pratiquées par le personnel de santé ». Il a souligné la nécessité de mettre en place des « mesures urgentes » pour freiner cette pratique. C'est pourquoi elle a publié une nouvelle directive visant , entre autres, à impliquer les professionnels de la santé dans la prévention et l'interdiction des mutilations génitales féminines.

Les MGF médicalisées, c’est-à-dire les mutilations totales ou partielles des organes génitaux féminins pratiquées par des professionnels de santé, non seulement violent l’éthique médicale, mais risquent également de légitimer la pratique et de donner l’impression qu’elle n’a aucune conséquence. « Certaines études suggèrent que cela peut être encore plus dangereux lorsqu'il est pratiqué par des professionnels de la santé, car cela peut provoquer des coupures plus profondes et plus graves », prévient l'OMS.

Le document, intitulé Prévention des mutilations génitales féminines et prise en charge clinique de leurs complications, développe les lignes directrices publiées en 2016 et établit huit recommandations et trois déclarations de bonnes pratiques.

Les recherches montrent que les professionnels de la santé peuvent influencer le changement d’attitude à l’égard des MGF et jouer un rôle crucial dans leur prévention.

Christina Pallitto, scientifique à l'OMS et au Programme spécial des Nations Unies sur la reproduction humaine

Parmi les suggestions de l'OMS figure la formation du personnel de santé à la prévention de l'ablation, avec des actions allant du rejet des demandes de réalisation à l'information du public sur les risques à court et à long terme. « Les recherches montrent que les professionnels de santé peuvent influencer le changement des attitudes à l’égard des MGF et jouer un rôle crucial dans leur prévention », a déclaré Christina Pallitto, scientifique de l’OMS et du HRP qui a dirigé l’élaboration de la nouvelle directive.

En outre, une formation à la gestion des complications de santé liées aux MGF est également recommandée, ainsi que la nécessité de mettre en œuvre des codes de conduite professionnels « avec une approche de tolérance zéro », qui interdisent expressément au personnel de santé de pratiquer cette pratique. « L’implication des médecins, des infirmières et des sages-femmes devrait être un élément clé dans la prévention et la réponse aux MGF », a souligné Pallitto.

« Le secteur de la santé joue un rôle essentiel dans la prévention des mutilations génitales féminines : les agents de santé doivent être des agents de changement, et non des auteurs de cette pratique néfaste, et ils doivent également fournir des soins de santé de haute qualité à ceux qui en subissent les effets », a expliqué le Dr Pascale Allotey, Directrice de la Santé sexuelle et reproductive et de la Recherche à l'OMS et au Programme spécial des Nations Unies pour la reproduction humaine (HRP), dans un communiqué de presse.

Le document de l’OMS couvre également « l’éducation des femmes et des filles vivant avec ou risquant de subir des MGF, ainsi que des hommes et des garçons dans les communautés qui les pratiquent ». Ces mesures comprennent une éducation sanitaire collective et individuelle, ainsi que des conseils de prévention des MGF visant à promouvoir des changements d’attitude à l’égard de cette pratique qui viole les droits des femmes.

Les mutilations génitales féminines peuvent entraîner de graves complications de santé à court et à long terme. Les femmes adultes qui ont subi une MGF/E dans leur enfance sont plus susceptibles de souffrir d’infertilité et de complications lors de l’accouchement. De plus, cela peut entraîner des problèmes de santé mentale. C'est pourquoi le guide comprend plusieurs recommandations cliniques visant à « garantir l'accès à des soins médicaux de qualité et empathiques aux survivantes des MGF ». Il s’agit notamment d’interventions en santé mentale pour les filles et les femmes souffrant d’anxiété, de dépression ou de trouble de stress post-traumatique, ainsi que d’interventions chirurgicales et non chirurgicales en matière de santé sexuelle pour celles qui souffrent de dysfonctionnement sexuel.

Selon l’UNICEF, aujourd’hui, une fille a un tiers de risque en moins de subir une mutilation génitale féminine qu’il y a 30 ans. Toutefois, si nous voulons atteindre l’objectif des Objectifs de développement durable visant à mettre fin à cette pratique d’ici 2030, les progrès doivent s’accélérer. Selon les données recueillies par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, cette réduction devrait être 27 fois plus rapide que celle observée au cours de la dernière décennie. Aujourd’hui, le plus grand nombre de cas de mutilations génitales féminines se produit dans les pays africains, avec 144 millions, suivis par l’Asie (80 millions) et le Moyen-Orient (6 millions). Les mutilations génitales féminines sont également pratiquées dans de petites communautés isolées et au sein des diasporas du monde entier.

EL PAÍS

EL PAÍS

Nouvelles similaires

Toutes les actualités
Animated ArrowAnimated ArrowAnimated Arrow